Aspect
paroles
Jehan
 
 

paroles de L'envers de l'ange

  1. Si peu d'humain - (Delphine Boubal / Lionel Suarez) Si peu d'humain en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  2. La Mélu - (Delphine Boubal / Lionel Suarez) La Mélu en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  3. J'ai tout vu, j'ai tout connu - (Bernard Dimey / Eddy Barclay-Michel Legrand) paroles
  4. J'la vois bien - (Delphine Boubal / Lionel Suarez) paroles
  5. Le parfum - (Delphine Boubal / Lionel Suarez) paroles
  6. Le jour où je saurai - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel) paroles
  7. Un pauvre honteux - (Xavier Forneret / JeHaN Cayrecastel) paroles
  8. Les petits plaisirs - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel) Les p'tits plaisirs en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  9. Paysâme - (Claude Nougaro / JeHaN Cayrecastel) Paysâme en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  10. Un par mois - (Patrick Piquet / JeHaN Cayrecastel) paroles
  11. Les p'tits fanfans - (Jehan Rictus / JeHaN Cayrecastel) paroles
  12. Déclaration - (Georges Wolinski) paroles

Si peu d'humain

Si peu d'humain
Oui si peu,
Que peut-être demain
L'homm' sera comm' un chien,
Et son cœur malheureux
Bêt' à manger du foin,
Comm' les Meuh.

Si peu d'humain
Oui si peu,
Que rien ne fait plus rien
Que rien n'égale deux,
Que les chiffr's ont déteints
Sur les mots amoureux
Comm' nos yeux.

Si peu d'humain
Oui pour eux,
Quand on a plus l'écrin
Ni les doigts ni le feu,
Et quand on a plus faim
De femmes et de creux
Comm' des vieux. (bis)

S'il pleut demain
Oui s'il pleut
On lav'ra nos chagrins
Et nos cœurs paresseux,
Pour jouir à deux mains
De nos sens vigoureux
Comm' on peut
Comm' on veut

Si peu d'humain
Oui si peu
Que l'on finira bien
Par se prendre pour Dieu
A se prendre à rien
On se pendra sans nœud
Pendra adieu

— Delphine Boubal — musique : Lionel Suarez — Éditions Miss Terre

Celui qui fait les paroles d'une chanson, c'est le papa, la musique c'est la maman. C'est du moins ce que je crois. Delphine excelle dans son rôle paternel. — JeHaN

La Mélu

Sa vie passée
À plier l'échine
De son corset
Sur ses bottines
Et les courbettes,
Faites au soir
Sur la braguette
De ses trottoirs,
Sous l' coin de lune
D'un lampadaire
L'avait rendu
À dieu le père.

Chez la Mélu,
On y allait
Y boire le jus
De nos baisers
Et dans nos reins,
Cent balles d'amour
Prenait le train
Jusqu'au p'tit jour
À l'heure indue
Où la paresse
Touchait le cul
De la tendresse

Vit' va la vie
Et l'amour passe
Sans qu'on ait l' temps
d'y prendre sa place.
(bis)

Mais des cocottes
En peau de diam,
Vinrent à la trotte
Sur l' macadam,
Et sur les plis
D' ses escarpins
La Mélu vit
La peau d' ses seins
Toute fripée
Sous les caresses
Qu'on plus qu'un pied
Dans la jeunesse.

Vit' va la vie
Et l'amour passe
Sans qu'on ait l' temps
d'y prendre sa place.
(bis)

Plus de baisers,
Plus d'étincelles
Sous le brasier
De sa jarretelle,
Plus de sueur
Perlant d'amour
Ni d' visiteur
Sous l'abat jour

Vit' va la vie
Et l'amour passe
Sans qu'on ait l' temps
d'y prendre sa place.
(bis)

Alors la vie
Vint à p'tits pas
Sur le parvis
De l'au-delà
Plus d' train en gare
De l'aube au jour
La vie repart
Sans un détour
Chang'ment de quai
Chang'ment de square
De l'autre côté
Du rideau noir

Vit' va la vie
Et l'amour passe
Sans qu'on ait l' temps
d'y prendre sa place.
(bis)

Un ange passe
Toi tu l'enlaces
Tu as le temps
Nos cœurs s'embrassent

— Delphine Boubal — musique : Lionel Suarez — Éditions Miss Terre

C'est la première chanson que ces Aveyronnais m'ont proposée. Elle gardait les vaches, il était musicien de bal. Et puis franchement cela m'a « troué le cul », c'est dit ! La première fois que Nougaro a écouté cette chanson, il a dit : « là, je signe ». J'étais tellement heureux que je ne lui ai pas demandé ce qu'il signait. — JeHaN

Le jour où je saurais

Le jour où je saurais tout seul couper ma viande
Et trier sans effort tous les mots que je dis
Entrer dans un palace et passer la commande
Sans me prendre aussitôt les pieds dans le tapis

Le jour où je saurais compter jusqu'à cinquante
Et ranger des millions dans mon petit panier
Quand j'aurais redressé ma vieille dalle en pente
Et que l'élite m'aura enfin dans ses papiers

Le jour où je saurais m'avancer dans la vie
Sans redouter mon ombre et sans raser les murs
Ayant récupéré mon froc sous les orties
Clamant des vérités dont je ne suis pas sûr

Quand je n'aurais plus peur de traiter de bourrique
Ces chevaux en armures dressés dans les jardins
Entre l'Académie et le kiosque à musique
Quand j'aurais retrouvé mon Grec et mon latin

Le jour où je saurais voir enfin dans la glace
Mes yeux sans sourciller et mes dents sans frémir
Je serais sans problème avec le temps qui passe
Je n'aurais même plus le temps de voir venir

Ce jour-là je le sens, je le flaire à distance
Le jour où je saurais marcher seul dans le noir
Je sauterais le pas dans le plus grand silence
Y aura toujours un con, pour vous le faire savoir

— Bernard Dimey — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Paroles de Dimey

Je n'avais jamais vraiment osé chanter cette chanson qui, à mon avis, parle du « suicide » de Dimey. Il a juste pris le temps d'apprendre à compter jusqu'à cinquante avant de mourir en 81. Je suis comme « un con pour vous le faire savoir ». — JeHaN

J'la vois bien

J'la vois bien
Celle que tu m'dis qu'en rêve
Qu'elle aim'rait tout tes jours
Tes nuits broyées de noir
D'où s'arrachent les étoiles
Pour pointer ta tête pleine
Au clou d'un cauchemar
Où t'attends plus qu'elle vienne

J' la vois bien
Sous sa croupe idolâtre
S'accoupler à ton geste
Te bercer à sa taille
Rouler comm' sous la mer
Dans les draps de Neptune
Harponner d'un air fier
Ton plaisir sous la lune

J' la vois bien
Déchirer ton sourire
Te maquiller de beau
J' la vois bien
Faire de toi l'avenir
De l'homme tout nouveau
J' la vois bien bohémienne
T'enrouler dans ses hanches
T'embarquer vers minuit
Pour que tu te souviennes
De l'aube aux heures blanches
Là où se fait la vie

Des brûlures de chair
En morsures de fièvre
L'amour, ça monte aux lèvres
Quand on a plus de voix
L'amour, ça dit des rêves
Qu'on imagine même pas

J' la vois bien
Bondir hors de la vie
Pour voyager plus loin
Goûter à l'extasie
D'un jour où y'a plus rien
T'embarquer dans sa peau
Pour mourir sous son sein
Et couler dans ses eaux

J' la vois bien
Déchirer ton sourire
Te maquiller de beau
J' la vois bien
Faire de toi l'avenir
De l'homme tout nouveau
J' la vois bien bohémienne
T'enrouler dans ses hanches
T'embarquer vers minuit
Pour que tu te souviennes
De l'aube aux heures blanches
Là où se fait la vie

— Delphine Boubal — musique : Lionel Suarez — Éditions Miss Terre

Les chansons, c'est comme les champignons, ça appartient à ceux qui les cueillent, pourvu que ça pousse. — JeHaN

Le parfum

J'ai piqué à la rose
La rosée de ses pleurs
J'ai fait de toutes fleurs
Et de si peu de choses,
Des essences de vies
En vaporisateur
Des parfums pour la vie
Qui n'avaient plus d'odeur.

J'ai distillé le monde
Et ses mondanités
Ses hivers ses étés,
Ses jours et ses secondes
J'ai enfleuré le monde
Pour le faire parler
Extraire de son bonheur
Le mien évaporé
De toute la nature
Ainsi recomposée
Ne manquait que la femme
À ce joli bouquet

J'ai capté l'essentiel
L'essence de toute choses
Le parfum où repose
L'arôme existentiel
(bis)

J'ai recréé la femme
J'ai effeuillé sa chair,
Libéré ses mystères
Pour me refaire une âme
J'y ai donné la mort
Pour qu'elle se donne après
Dans la chair et le corps
D'un baume d'éternité

La femme que je respire
Est née de vingt-cinq cœurs
Dont l'age avait l'odeur
Des baisers qui soupirent
Au cœur de mon parfum
Se trouvait la plus belle
Elle sentait les embruns
La terre et le soleil
L'automne de ses cheveux
M'éclaboussait le cœur
Son sexe faisait bander
Mon nez cousu d'odeur

J'ai capté l'essentiel
L'essence de toute choses
Le parfum où repose
L'arôme existentiel
(bis)

Aimer jusqu'à tuer
L'amour n'est pas un crime
Quand la vie vous supprime
Vos rêves l'instant d'après
Aimer juste un peu trop
Au point de vouloir vivre
Dans l'autre comme on respire
Comme on parle ses mots
Aimer comme l'on aime
Une femme un instant
Embaumer l'éternel
Pour se sentir vivant

J'ai capté l'essentiel
L'essence de toute choses
Le parfum où repose
L'arôme existentiel
(bis)

— Delphine Boubal — musique : Lionel Suarez — Éditions Miss Terre

D'après l'excellent livre de Suskin. C'est un blues narine. Le sens et le son deviennent olfactifs. Les mots ont l'odeur de l'auteur. — JeHaN

J'ai tout vu tout connu

Allume un grand feu qui se voie de loin
Et viens m'attendre au bord du chemin
Arrivez nombreux, préviens les copains
Je suis heureux, je reviens demain

J'ai tout vu tout connu (bis)
J'ai tout gagné tout perdu
J'ai tout vu tout connu (bis)
Je ne repartirai plus

J'ai bu l'alcool de tous les pays
Entre l'enfer et le paradis
J'ai côtoyé tous les plus beaux gars
J'ai vu la mort comme je te vois

J'ai tout vu tout connu (bis)
J'ai tout gagné tout perdu
J'ai tout vu tout connu (bis)
Je ne repartirai plus

J'ai fait la guerre sans savoir pourquoi
Pour des princesses ou n'importe quoi
Je peux revenir content
Je m'en suis tiré vivant

Grâce à tous les fous que j'ai rencontrés
Je suis plus près de la vérité
Si je ne suis pas plus riche qu'avant
C'est que j'ai tout semé dans le vent

J'ai tout vu tout connu (bis)
J'ai tout gagné tout perdu
J'ai tout vu tout connu (bis)
Je ne repartirai plus

Pour habiller mes histoires de cœur
J'ai mélangé toutes les couleurs
J'ai sillonné tous les océans
J'ai vu couler mes ennuis dedans

Allume un grand feu près de la maison
Je veux des fleurs à tous les balcons
Tuez le veau gras et préparez-vous
Je suis heureux, je reviens chez-nous

J'ai tout vu tout connu (bis)
J'ai tout gagné tout perdu
J'ai tout vu tout connu (bis)
Je ne repartirai plus

Je vous lirais le Kâma-Sûtra
Je l'ai chanté sur l'Himalaya
Je sais bien que ce n'est pas sérieux
Mais c'est encore ce qu'on fait de mieux

Le tour du monde est bientôt fini
Vive le jour où je suis parti
Mais vive encore plus le jour
Où me voici de retour

J'ai tout vu tout connu (bis)
J'ai tout gagné tout perdu
J'ai tout vu tout connu (bis)
Je ne repartirai plus

— Bernard Dimey — musique : Michel Legrand - Eddy Barclay — Éditions Barclay

Cette chanson a été créée par Catherine Sauvage dans les années 70.  Je suis très content de « passer derrière » cette grande dame. Je les aime ces interprètes qui utilisent les beaux textes et virevoltent sur les mélodies d'ici-bas. — JeHaN

Un pauvre honteux

Il l'a tirée
De sa poche percée,
L'a mise sous ses yeux ;
Et l'a bien regardée
En disant : « Malheureux ! »

Il l'a soufflée
De sa bouche humectée ;
Il avait presque peur
D'une horrible pensée
Qui vint le prendre au cœur.

Il l'a mouillée
D'une larme gelée
Qui font au hasard ;
Sa chambre était trouée
Encor plus qu'un Bazard.

Il l'a frottée,
Ne l'a pas réchauffée,
A peine il l'a sentait :
Car par le froid pincée
Elle se retirait.

Il l'a pesée
Comme on pèse une idée,
En l'appuyant sur l'air.
Puis il l'a mesurée
Avec du fil de fer.

Il l'a touchée
De sa lèvre ridée.
D'un frénétique effroi
Elle s'est écriée :
Adieu, embrasse-moi !

Il l'a baisée.
Et après l'a croisée
Sur l'horloge du corps,
Qui rendait, mal montée,
De mats et lourds accords.

Il l'a palpée
D'une main décidée
A la faire mourir.
-Oui, c'est une bouchée
Dont on peut se nourrir.

Il a pliée,
Il l'a cassée,
Il l'a placée ,
Il l'a coupée,
Il l'a lavée,
Il l'a portée,
Il l'a grillée,
Il l'a mangée.

Quand il n'était pas grand, on lui avait dit :
Si tu as faim, mange une de tes mains. (bis)

— Xavier Forneret (1809-1884) — musique : JeHaN Cayrecastel

Xavier Forneret est un poète, né à Beaune (Côte d'or). Cet excentrique passa sa vie dans une tour gothique à jouer du violon en attendant sa mort. Il publia ses livres à compte d'auteur : Rien 1836, Vapeur, ni vers, ni prose 1840, Ombres de poésie 1860, Broussailles de la pensée 1870 qui, tous passèrent inaperçus. Fortuné, il avait pu faire représenter à Paris, en 1834, un drame en cinq actes : L'homme noir, blanc de visage qui n'eut aucun succès.

Pour que ne meurent pas les poètes, utilisons leurs textes qui nous émeuvent sans trop savoir pourquoi. J'ai l'impression de les délivrer. Sortons les textes des livres et les livres des étagères pour les mettre dans des disques qui s'écoutent par millions. — JeHaN

Les p'tits plaisirs

Les p'tits plaisirs du jour les plaisirs de la nuit
Les croissants du matin, la première cigarette
Une bouffée perdue d'accordéon musette
Le verre de beaujolais pour noyer ses ennuies
L'omelette aux champignons le soir à la campagne
Le feu dans la ch'minée et l'odeur du calva
Ça vaut tous les châteaux qui s'écroulent en Espagne
Mais quand tout va très mal moi je vous dis ça va

Le camembert du siècle et le verre de chiroubles
La douzaine de melons échappés du panier
Le sourire d'une fille qui sans raison me trouble
Le coup du père François, le coup de l'étrier
Les p'tits plaisirs du jour c'est du bonheur quand même
J'en ai tout un folklore et 24 heures par jour
Je promène ma vie par les chemins que j'aime
À chacun ses plaisirs, à chacun ses amours

Les p'tits plaisirs du jour, c'est toi quand tu t'éveilles
Quand tu sors de ton rêve et que tes yeux ouverts
Conservent encore un peu d'incroyables merveilles
Paysages inconnus qu'on regarde à l'envers
Petit comme un refrain des rues
Qu'on attrape au hasard et qui vous fait trois jours
Offrez-moi dix fois rien j'en aurais plein la vue
À chacun ses plaisirs à chacun ses amours

— Bernard Dimey — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Paroles de Dimey

Dans la série saison, je voudrais le printemps. — JeHaN

Paysâme

Si j'étais paysan, tu serais paysâme
Il est joli ce mot, tu trouves pas ?
Parfois mes gros sabots t'écrasent une larme
Mais tu me calmes, tu m'en veux pas

Si j'étais paysan, tu serais paysâme
J'ai trouvé ce mot sur mes pas
Tu germais dans mon sillon, graine de sésame
Mon grain de peau, mon pain, ma foi

Je sème, laboure, sarcle et fane
Un sacré terroir, sol ingrat
Toi seule berces dans tes bras
Ma charrue et sa vielle lame

Si j'étais paysan, tu serais paysâme
Il te va bien ce mot, il m'envahit
Un pays sans paysan n'est pas un pays
Je ne serais pas, sans ma paysâme.

— Claude Nougaro — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Miss Terre

C'est justement Leprest qui m'a mis le doigt sur ce texte que Nougaro lui avait confié. Comme quoi, la bonne jalousie existe. Je l'ai créé pour un spectacle que j'avais appelé « quelque chose en nous de Nougaro » consacré à ses chansons. — JeHaN

Un par mois

J'ai chaloupé mon verre pour effleurer tes doigts
Le rouge a mitraillé le plastron du serveur
Ma gorge est chiffonnée comme la nappe qui boit
J'ai le pourboire large et les paumes toutes en sueur

Tes yeux couleur de prune débordent la serviette
Je mordille un café, sirote une allumette
Bafouillant Saint John Perse, c'est tellement important
Ta main sur mon genou ; rentrons veux-tu, maint'nant ?

Tu ramasses ma chaise puisque je suis debout
Ton front sur mon épaule, un baiser sur ma joue
Et puis à mon oreille, mais que chacun entende
« Si tu veux un enfant, on l'embrasse en Septembre

Ton lit à marée basse n'écume plus aucun drap
J'avais jamais pensé qu'on eut autant de bras
Pour en fabriquer d'autres, le métier formidable
J' veux un gosse tous les mois et c'est très raisonnable

D'un seul coup, d'un seul, je redeviens nature
J'ai mon air de couillon qui s'admet en peinture
Et l'air sympathique, d'un grand con heureux
Et l'air sympathique, d'un grand con heureux

— Patrick Piquet — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Miss Terre

Dans la série, je voudrais faire une chanson d'un frangin, à faire pâlir de jalousie d'autres frères tels que Leprest, Lantoine, Sarclo. Comme on cultive l'amour, l'amitié s'arrose. — JeHaN

Les p'tits fanfans

Nous, on est les pauv's tits fan-fans
Les p'tits flaupés, les p'tits foutus
À qui qu'on flanqu' sur le tutu :
Les ceuss' qu'on cuit, les ceuss' qu'on bat,
Les p'tits bibis, les p'tits bonshommes,
Qu'a pas d' bécots ni d' suc's de pomme,
Mais qu'a l'jus d'triqu' pour sirop d' gomme
Et qui pass'nt de beigne à tabac.
Les p'tits Pierrots... les tit's vermines
Les p'tits sans-cœur, les p'tits sans-dieu
Les fuit-d'-partout... les pisse-au-pieu
Qu'il faut ben que l'on esstermine.
Nous, on n'est pas des p'tits fifis
Des p'tits choyés, des p'tits Bouffis
Dans d'la soye ou dans du velours
Qui n' font pipi qu' dans d' la dentelle,
Et sur qui veill'nt deux sentinelles :
Maam' la Mort et M'sieu l'Amour.
Nous, on nous truff' tell'ment la peau
Et not' tit' viande est si meurtrie
Qu'alle en prend les tons du grapeau,
Les trois Couleurs de not' Patrie...
Qué veine y z'ont les z'Avortés !
Nous, quand on peut pus résister,
On va les r'joindr' dans l' grand Mystère.
Oh ! qu'c'est donc bon d' pioncer l' hiver
N'avec les petits vers de terre...
Nous ! On aime être asticotés !
Nous, pauv's tits fan-fans d'assassins,
Nous s'rons jamais les fantassins
Qui farfouillent dans les boïaux
Aux bois d' Justice... au bois tordu.
Ou les tiroirs des Maternelles
Ousqu'y a des porichinelles !
Car, ainsi font, font, font
Les petites baïonnetttes
Car ainsi font, font, font
Deux p'tits trous... et pis s'en vont.

Nous n'irons pas au Bois, non pus
Nous n'irons pas en correction
Et zon zon zon pour rien au monde,
Et zon zon zon, pipi nous f'sons
Et barytonnons d'la mouquette
Su' la Misère et les prisons.
Nous p'tits fan-fans, pauv's tits fantômes !
Nous irions ben en Paladis
Si gn'en avait z'un pour les Mômes
Eh là ! yousqu'il est le royaume
Des Mimis morts, des p'tits moutons
Où d'bons 'tits ciens nous embrass'ront ?
Car « p'tits Jésus », y n'en faut pus,
Lui et son pat'lin transparent
Ousqu'on r'trouv'rait nos bons parents,
(On aim'rait mieux r'venir d'son ciel
Dans h'eun' couveuse artificielle !)
G'nen a qui dis'nt que l'Monde, un jour,
Y s'ra comme un grand squar' d'Amour
Et qu'les Homm's qui vivront dedans
S'ront d'grands Fan-fans, des p'tits Fan-fans
Des gros, des beaux, des noirs, des blancs.
Chouatt' ! Car sans ça les p'tits pleins-d'-giffes
Pourraient ben la faire à la r'biffe ;
Quoique après tout, on s'en-j'-m'en-fous
Pisqu'on sait ben qu'eune heur' viendra
Où qu' Maam' la Mort all' mêm' mourra
Et qu' pus personne y souffrira !
Mais en guettant c'te bonn' Nouvelle
Sautez, dansez, nos p'tit's cervelles ;
Giclez, jutez, nos p'tits citrons.
Pleurez, chialez les crocodis
- « La France à se dépopulotte » !
Les p'tits goss's y faut qu'ça boulotte
Mais çà coût' trop cher au budget !
Aign' donc, cognez ! On s'fout d'la Vie
Et d' la famill' qui nous étrille,
Et on s'en fout d' la République
Et des Électeurs alcooliques
Qui sont nos dabs et nos darons.
Nous, on est les pauv's tits fan-fans
Les p'tits flaupés, les p'tits fourbus,
Les p'tits fou-fous, les p'tits fantômes,
Qui z'ont soupé du méquier d' môme
Qui n'en r'vienn'nt pas... et r'viendront plus.

— Jehan Rictus (1867-1933) — musique : JeHaN Cayrecastel

Ce Jehan là n'est pas pour rien dans le choix de mon prénom de scène. Quand on pense que ce texte a probablement été écrit avant 1910, on peut être un triste optimiste. — JeHaN

Déclaration

J'ai une déclaration,
J'ai une déclaration à te faire.
J'ai appris à t'aimer
J'ai appris à t'aimer comme on apprend
À marcher, à parler, à lire.
J'ai appris la lueur de tes yeux,
L'ombre de tes cils, le creux de tes joues.
J'ai appris ta bouche.
Je te connais par cœur, et pourtant je n'ai pas,
Et pourtant je n'ai pas de mémoire.
Je connais par cœur ton menton, tes genoux,
Tes poignets, tes chevilles, et même
La plante de tes pieds, la paume de tes mains,
La racine de tes cheveux, L'arête de ton nez.
Je peux te réciter, et pourtant,
Et pourtant je ne me souviens jamais de rien.
Ce regard que tu as parfois,
Ce petit sourire que tu as parfois,
Cette façon que tu as parfois d'agiter tes mains,
Je sais tout sur l'odeur de ton cou.
Je sais tous tes parfums.
Je sais quand le soleil passe entre tes jambes,
Quand la lampe caresse ta hanche,
Quand un brouillard de chair hante la laque du mur.
Abandonne-toi ! Les gens ne veulent plus,
Les gens ne veulent plus s'abandonner,
Se laisser faire, se laisser envahir, se laisser,
Se laisser posséder, se laisser aimer, se laisser aller.
C'est merveilleux de s'abandonner, de ne plus être,
De ne plus être sur ses gardes. De s'offrir,
De se prendre, de se donner. L'un à l'autre.
L'autre à l'un. Ricanez ! Ah ! Ah ! Ah !
Il n'y a que ceux qui s'aiment
Que le langage de l'amour ne fait pas ricaner.
L'un à l'autre, l'autre à l'un. Les autres !...
Je les plains, les autres !
Pleure, ris, crie, gémis, vis.
Laisse-moi te supplier de me supplier.
De me supplier d'arrêter, de continuer, d'arrêter.
De me supplier de me taire, de parler, de me taire.
De me supplier de dire ce que tu veux, ce que
Tu ne veux pas que je te fasse. Ce que
Tu n'oses pas me demander, ce que
Tu n'oses même pas penser, ce qui
Te fais peur parce que c'est trop toi.
Ce que je n'aurais jamais dû deviner parce que c'est trop toi.
Je t'aime. Je t'aime, je t'aime
Comme jamais on a aimé,
Comme on aimera toujours,
Même avec des ordinateurs dans le cul.
Je t'aime, mon amour,
Je t'aime ! Laisse-moi te dire que je t'aime,
Laisse-moi te faire,
Une déclaration d'amour.

« Tu vas finir par me faire
Passer l'envie de baiser
Avec tes discours ! »

— Georges Wolinski

Je trimbale ce texte en guise de rappels depuis que je l'ai lu sa BD « à bas l'amour copain ». — JeHaN

paroles des Ailes de Jehan

  1. Gare à la Garonne - (Allain Leprest / Michel Précastelli) Gare à la Garonne en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  2. Tous les proverbes - (Allain Leprest / Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel)
  3. Etrange - (S. Cadet / F. Vintrigner / Allain Leprest / JeHaN Cayrecastel)
  4. Ne me quitte plus - (Allain Leprest / JeHaN Cayrecastel)
  5. La belle flambée - (Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel)
  6. T'attends quelqu'un - (Allain Leprest / JeHaN Cayrecastel) T'attends quelqu'un en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  7. Boule d'amour - (Gilbert Laffaille)
  8. Capitaine de Marie-Sal ope - (Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel)
  9. L'amour amer - (Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel)
  10. Deux mains - (Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel)
  11. Chanson bateaux - (Allain Leprest / JeHaN Cayrecastel)
  12. Côté punk - (Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel)
  13. Le cœur pour boussole - (Loïc Lantoine / JeHaN Cayrecastel / Vincent Absil) Le cœur pour boussole en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles

Gare à la Garonne

Fais gaffe où tu mets ton pied
Ici où sur l'autre quai
Toi l'amicale pochetronne
Et ton troubadour d'ivrogne
Des fois l'eau et son tirant
Sont bêtement attirants
Gare à la Garonne

Mon poète de vingt berges
Qui flâne en longeant la berge
Dans les pompes de Lord Byron
Que tes rimes t'éperonnent
Mais pose bien tes semelles
L'eau souvent ressemble au ciel
Gare à la Garonne

Attention petit mélomane
Qui te promène en walkman
Au son de l'accordéonne
Diatonique de Péronne
Tendrement mais notes à notes
Le fleuve nous "Nougarotte"
Gare à la Garonne

On croit que tout recommence
Et on y danse et on y danse
On y plonge et on y coule
Une piqûre de frelonne
Qui fredonne dans la foule
Un peu saoule entre les boules
Gare à la Garonne

Toi le suicidé d'enfance
Toi déjà mort qui avance
Sur le pont de tes dégoûts
Une pierre autour du cou
Tu auras beau tendre tes bras
La mort te refusera
Grâce à la Garonne

— Allain Leprest — musique : Michel Precastelli

T'attends quelqu'un

J'ai plus l'droit d'entrer
Dans la salle de bain
T'as l'regard distrait
Tu m'traites en copain
D'puis deux mois t'écrases
Toutes mes cigarettes
T'écoutes plus qu'du jazz
tu comtempl's les f'nêtres
Comme des vrais Gauguin
Toi, tu guett's quelqu'un

Un' fois par semaine
T'achétes "mon tricot"
Une pelot' de laine
Du jus d'abricot
T'as plus les yeux peints
Tu lis plus l'journal
Tu t'coiffes à la main
Tu dis même plus d'mal
Des américains
Tu penses à quelqu'un

J'te trouve les joues chaudes
Des fois tu m'appelles
P'tit-Lou, Pierre ou Claude
Norge ou Isabelle
Quand tu t'déshabilles
T'éteinds la lumière
T'as l'air d'une p'tite fille
Au bord de la mer
Qu'a peur des requins
Toi, t'attends quelqu'un

Tu dis j'ai grossi
Je te dis menteuse
Tu me dis merci
Je te sens heureuse
Un tendre septembre
Je glisse mon bras
Sous ta robe de chambre
Tiens, nous voilà trois !
Chacune et chacun
Attendaient quelqu'un

— Allain Leprest — musique : JeHaN Cayrecastel

Mon cœur pour boussole

Une auto pressée bloquée su' l' périph
Le voisin qui court autour d' sa maison
Des t'as pas cent balles dans Paris la riche
De l'or en plastique du crabe en poisson
Des médocs pas bons et le vin qui tue
Des dents qui font mal un bon dieu qui dort
Le bon air qui pue faut qu'on s'habitue
Un immeuble vide un mat'las dehors

J'ai choisi mon cœur pour boussole
Reste plus qu'à trouver l' pôl' nord
En attendant j' me sens un peu
Comme une poule qui regard' une montre

Un amour en larmes des sourires de lame
Des flics en prison des voyous grand cœur
Au cent' commercial une pièce pour êtr' calme
Des bicentenaires des gamins qui meurent
Un glaçon qui fond au fond du frigo
C'est le temps qui passe les pot's qui trop passent
Des barbes à raser des étés pas beaux
Des pays sans fric trop chers pour qu'on passe

REFRAIN

Des cathos catins des put's puritaines
Députés poètes et des écrits vains
Des filles numériques, chant' leur tes fredaines
Je surfe sur le Web pour ach'ter mon pain
Y'a des mers sans eau des forêts sans bois
Les poissons s'envolent on s' chauffe à l'atome
En haut de mon nez habite un surmoi
Faudra lui d'mander d'écrire l' second tome

REFRAIN

— Loïc Lantoine — musique : JeHaN Cayrecastel — Avec la participation de Vincent Absil

paroles de Divin Dimey

  1. J'ai vécu - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel)
  2. Je deviendrai très emmerdant - (Bernard Dimey / Georges Baux / JeHaN Cayrecastel / Jean-Pierre Mader)
  3. Si tu me payes un verre - (Bernard Dimey / Cris Carol / Claude Nougaro) Si tu me payes un verre en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  4. Les petits amoureux - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel) Les petits amoureux en format extrait (4 mn 52 - 1,1 Mo)
  5. Je sens qu'il va falloir - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel) Je sens qu'il va falloir en format extrait (2 mn - 820 Ko) paroles
  6. J'aimerais tant savoir - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel) paroles
  7. La luxure - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel)
  8. Le zoo - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel)
  9. L'aventure... la voilà - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel)
  10. Le cerveau des baleines - (Bernard Dimey / JeHaN Cayrecastel)
  11. L'enfant maquillé - (Bernard Dimey / Charles Aznavour)

Si tu me payes un verre

Si tu me payes un verre, je n'te demand'rai pas
Où tu vas, d'où tu viens, si tu sors de cabane,
Si ta femme est jolie ou si tu n'en as pas,
Si tu traînes tout seul avec un cœur en panne.
Je ne te dirai rien, je te contemplerai.
Nous dirons quelques mots en prenant nos distances,
Nous viderons nos verres et je repartirai
Avec un peu de toi pour meubler mon silence.

Si tu me payes un verre, tu pourras si tu veux
Me raconter ta vie, en faire une épopée
En faire un opéra... J'entrerai dans ton jeu
Je saurai sans effort me mettre à ta portée
Je réinventerai des sourir' de gamin
J'en ferai des bouquets, j'en ferai des guirlandes
Je te les offrirai en te serrant la main
Il ne te reste plus qu'à passer la commande

Si tu me payes un verre, que j'aie très soif ou pas,
Je te regarderai comme on regarde un frère,
Un peu comme le Christ à son dernier repas.
Comme lui je dirai deux vérités premières :
Il faut savoir s'aimer malgré la gueul' qu'on a
Et ne jamais juger le bon ni la canaille.
Si tu me payes un verre, je ne t'en voudrai pas
De n'être rien du tout... Je ne suis rien qui vaille !

Si tu me payes un verre, on ira jusqu'au bout,
Tu seras mon ami au moins quelques secondes.
Nous referons le monde, oscillants mais debout,
Heureux de découvrir que si la terre est ronde
On est aussi ronds qu'elle et qu'on s'en porte bien.
Tu cherchais dans la foule une voix qui réponde,
Alors, paye ton verre et je paierai le mien,
Nous serons les cocus les plus heureux du monde.

— Bernard Dimey — musique : Cris Carol - Claude Nougaro — Éditions Paroles de Dimey

Je sens qu'il va falloir

Je sens qu'il va falloir bientôt changer d'église
Et changer de bistrots, de femmes et de copains,
Tout de suite après boire aller faire sa valise.
Fini le mal de vivre et de gagner son pain...

Pourtant j'ai de la peine à sentir, à comprendre,
Lorsque tout se défait, l'effet que ça fera...
Je sens qu'il va falloir que je m'y laisse prendre,
Un grand coup d'épouvante et tout s'engloutira.

La vie c'est merveilleux, bien sûr quand c'est vivable.
On se nourrit de peu, mais un peu tous les jours.
Je voudrais vous offrir un gisant présentable...
Je sens qu'il va falloir bientôt changer d'amour,

Essayer de franchir la muraille du songe,
De faire quelques pas tout seul et prudemment
Parmi de purs esprits délivrés du mensonge,
Irréels et présents, comme dans les romans...

C'est assez rassurant d'imaginer la suite
Et de s'y ménager le gîte et le couvert,
Un paradis joyeux où l'on prendrait sa cuite
Sans avoir à payer l'archange qui vous sert.

Je sens que le jour vient de la nuit qui s'installe,
Une superbe nuit, sans planète ni rien
Où j'irai naviguer, visiter les étoiles
Et parler de la terre où l'on était si bien.

Il se pourrait fort bien que cette nuit peut-être
Je m'écroule au milieu de ma salle de bains.
N'allez pas réveiller les flicards ni les prêtres,
Un simple coup de fil à deux ou trois copains...

J'aime qu'on m'aime un peu, cela n'a rien d'étrange,
Grâce à Dieu, quelques-uns le savaient par ici.
Avant de m'en aller faire le con chez les anges,
Dois-je vous dire adieu, au revoir ou merci ?

— Bernard Dimey — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Paroles de Dimey

J'aimerais tant savoir

J'aimerais tant savoir comment tu te réveilles,
J'aurais eu le plaisir de t'avoir vue dormir
La boucle de cheveux autour de ton oreille,
L'instant, l'instant précieux où tes yeux vont s'ouvrir.
On peut dormir ensemble à cent lieues l'un de l'autre,
On peut faire l'amour sans jamais se toucher,
L'enfer peut ressembler au Paradis des autres
Jusqu'au jardin désert qu'on n'avait pas cherché.

Quand je m'endors tout seul, comme un mort dans sa barque,
Comme un vieux pharaon je remonte le Nil.
Les années sur ma gueule ont dessiné leur marque,
Mes grands soleils éteints se réveilleront-ils?
On dit depuis toujours, "le soleil est un astre,
Il se lève à cinq heures ou sept heures du matin",
Mais chaque heure pour moi n'est qu'un nouveau désastre,
Il n'est pas sûr du tout qu'il fera jour demain.

Je ne suis jamais là lorsque tu te réveilles,
Alors je parle seul pour faire un peu de bruit,
Mes heures s'éternisent et sont toutes pareilles,
Je ne distingue plus ni le jour ni la nuit,
Je ne crois pas en Dieu mais j'aime les églises,
Et ce soir je repense au gisant vénitien
Qui me ressemblait tant... Mais la place était prise
Toi seule sait vraiment pourquoi je m'en souviens.

— Bernard Dimey — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Paroles de Dimey

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